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DE LA RECHERCHE A LA FORMATION

Nous avons créé ce blog dans l'intention de faire connaître les travaux de recherche en didactique de la géographie. Notre objectif est également de participer au renouveau de cette discipline, du point de vue de ses méthodes, de ses contenus et de ses outils. Plus globalement nous espérons que ce site permettra d'alimenter les débats et les réflexions sur l'enseignement de l'histoire-géographie, de l'école à l'université. (voir notre manifeste)

mardi 30 janvier 2018

Interview de Xavier Leroux pour la rubrique Paroles d'enseignants (Société de géographie)


La Société de géographie inaugure sa nouvelle rubrique "Paroles d’enseignants" par la rencontre de Xavier Leroux, professeur des écoles à Tourcoing, chercheur en didactique, responsable du service de presse de géographie et jeunesse pour l’association Les Clionautes et par ailleurs contributeur de notre blog Didagéo.

Après avoir rappelé son parcours de formation, Xavier Leroux présente ce qui constitue pour lui l'objectif central de la géographie, à savoir le développement de compétences spatiales au sens large qui peuvent servir différents buts : se repérer, lire le monde dans lequel on vit, devenir un citoyen éclairé. Pour lui, "ce sont les élèves et leur famille qui sont les premiers acteurs de leurs spatialités". A travers des exemples d'activités sur la notion de distance ou sur l'itinéraire d'un groupe de touristes visitant la France, il fournit des pistes de mise en oeuvre de ces compétences d'analyse spatiale en classe. Une partie des ressources proposées proviennent de manuels de géographie pour le premier degré qu'il a co-écrits dans le cadre de la collection Géographie à vivre, dont le titre même témoigne d'une approche renouvelée de la géographie (1). Evoquant les difficultés de l'enseignement de la géographie et également de la formation des enseignants, il plaide pour le développement d'une géographie de l'éducation qui aurait sa place au sein des sciences de l'éducation (comme c'est déjà le cas par exemple pour l'histoire de l'éducation).

Lire l'interview de Xavier Leroux sur le site de la Société de Géographie

(1) Leroux, X., Janson, A. et Malczyk, B. (2017). Géographie à vivre, Accès éditions (manuels disponibles du CP au CM2).


vendredi 19 janvier 2018

Compte rendu d'ouvrage

Audigier F., Sgard A. et Tutiaux-Guillon N., Sciences de la nature et de la société. Fragmentation, recomposition, nouvelles alliances ? Paris : De Boeck, 2015.


Auteur du CR : Caroline Leininger-Frézal

Cet ouvrage collectif questionne différentes disciplines scolaires issues des sciences sociales et des sciences de la nature, dans différents contextes éducatifs francophones (France, Suisse, Belgique, Canada). Sur les 13 chapitres que comptent l’ouvrage (introduction et conclusion inclus), 7 sont spécifiquement dédiés aux sciences humaines et sociales (histoire, géographie, éducation à la citoyenneté). Le sommaire de l'ouvrage est disponible ici.  

L’unité de l’ouvrage réside dans l’exploration des « recompositions » des disciplines scolaires. Une recomposition est définie comme « un changement systématique contraignant la discipline à réajuster ces composantes pour trouver un nouvel équilibre » (p. 10). Deux types de recompositions sont envisagés : les « recompositions internes » qui s’opèrent au sein d’un même domaine de connaissance (sciences sociales ou sciences de la nature) et les « recompositions externes » qui « interroge[nt] les relations entre les deux domaines » (ibidem). Cette notion a une forte valeur heuristique. Le terme est appliqué à des travaux de recherche dont une partie au moins a déjà été publiée. Il s’agit donc d’une relecture de travaux de recherche antérieurs, plus que de recherches inédites. Les recherches sur les « éducation à » (surtout en EDD et en EC) sont en effet remobilisées mais dans un objectif un peu différent : pas seulement pour dépasser le clivage traditionnel sciences de la nature/ sciences de la société mais pour interroger des démarches et des dispositifs transversaux dans une école elle-même en mutation.

La notion de « recomposition » permet d’interroger les évolutions du contenu et des finalités du curriculum prescrit de ces disciplines. François Audigier (chapitre 3) interroge par exemple l’impact de l’introduction de l’approche par compétences sur les curriculums de l’univers social. David Lefrançois et Marc-André Ethier questionnent (chapitre 6) les évolutions des finalités civiques et citoyennes de l’enseignement de l’histoire.

La notion de recomposition permet aussi de questionner les pratiques d’enseignement. Sylvain Doussot (chapitre 12) analyse la mise en œuvre de débats en classe de géographie à partir d’observations et les modèles de référence sous-jacents à ces pratiques.

Ce type de questionnement a déjà été abordé par le biais d’autres concepts comme celui de paradigme (Tutiaux-Guillon, 2004), de conscience disciplinaire, etc., ce que souligne Anne Sgard dans son chapitre conclusif. La spécificité de la notion de recomposition est de permettre d’aborder des objets disciplinaires et « transdisciplinaires » - au-delà de la discipline - comme les questions socialement vives (chapitre 11), les controverses publiques (chapitre 9), la pensée complexe (chapitre 10) et les « éducation à » (chapitre 2). C’est ce qui fait la richesse du questionnement abordé dans l’ouvrage et constitue paradoxalement aussi la faiblesse de la notion de recomposition qui n’est pas stabilisée. Le terme s’applique à des contextes, des objets, des niveaux d’analyse très différents. Anne Sgard expose avec une claire honnêteté les limites de la notion dans le dernier chapitre. La question semble moins porter sur les délimitations et les frontières entre les disciplines que sur leurs articulations entre elles et entre ce qui peut ou doit s’enseigner et ce qui se discute, ce qui est en débat dans la société. 


mardi 16 janvier 2018

Les espaces du tourisme et des loisirs : entre ordinaire et extraordinaire




– Association de Géographes Français (AGF) –

Programme de la séance du 20 janvier 2018

09h30 – 12h30 / 14h – 18h
Institut de Géographie : 191, rue Saint-Jacques, 75005 Paris
(Grand Amphi)


Thème :

Les espaces du tourisme et des loisirs : entre ordinaire et extraordinaire

Coordonnateurs :

Francesca COMINELLI
francesca.cominelli@univ-paris1.fr
Maître de Conférences en Sciences économiques, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, IREST
Laboratoire EA 7337-EIREST (Equipe Interdisciplinaire de REcherche Sur le Tourisme),
Université Paris1 Panthéon-Sorbonne

Edith FAGNONI
edith.fagnoni@paris-sorbonne.fr
Professeur des Universités en Géographie, Université Paris-Sorbonne, Laboratoire ENeC (Espace, Nature et Culture) – UMR 8185, Université Paris-Sorbonne et associée au Laboratoire EA 7337-EIREST (Equipe Interdisciplinaire de REcherche Sur le Tourisme), Université Paris1 Panthéon-Sorbonne ;
Présidente de Association de Géographes Français

Sébastien JACQUOT
sebastien.jacquot@univ-paris1.fr
Maître de Conférences en Géographie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, IREST
Laboratoire EA 7337-EIREST (Equipe Interdisciplinaire de REcherche Sur le Tourisme),
Université Paris1 Panthéon-Sorbonne

Les espaces du tourisme et des loisirs : entre ordinaire et extraordinaire

Le tourisme contemporain, ses espaces et ses pratiques sont souvent décrits à partir d’une dichotomie entre « lieux extraordinaires » et « lieux ordinaires », le tourisme longtemps défini comme une rupture spatio-temporelle avec le quotidien.

Ces oppositions et désignations ne sont toutefois par figées : les « hauts lieux » du tourisme, affectés par le tourisme de masse et la surfréquentation peuvent se détériorer et perdre de leur intérêt ; les lieux a priori non-touristiques peuvent faire l’objet de processus culturels, sociaux et territoriaux inédits et susciter des nouvelles mobilités touristiques, y compris en tant qu’espaces ordinaires. Ces mouvements sont accompagnés par des interventions publiques, les pratiques de nouveaux acteurs locaux, les réactions des habitants, des processus de régulation, etc.

Appréhender ces phénomènes permet de saisir les transformations des mobilités touristiques, mais aussi de comprendre les transformations spatiales, sociales et culturelles plus profondes qui contribuent à affaiblir ou redéfinir la distinction entre ordinaire et extraordinaire, en intégrant les imaginaires qui les reconfigurent, et incitent à s’interroger sur les nouvelles approches géographiques des espaces touristiques, au proche et lointain.

Cette séance de l’Association de Géographes Français (AGF) s’inscrit dans l’actualité des problématiques et des conflits que les espaces du tourisme rencontrent aujourd’hui, face à l’intensification des flux touristiques internationaux et à l’émergence de nouveaux acteurs et pratiques. Elle vise à alimenter la réflexion d’une des questions proposées aux concours d’enseignement (CAPES d’Histoire-Géographie et Agrégations de Géographie et d’Histoire) consacrées au tourisme et aux loisirs.


09h30 : Edith FAGNONI – Sébastien JACQUOT – Francesca COMINELLI
Le tourisme et les loisirs : espaces, acteurs, pratiques, entre ordinaire et extraordinaire : Présentation. Problématique

10h : Regard de grands témoins sur la traçabilité de la Géographie culturelle et la place du tourisme et des loisirs dans ce champ

Paul CLAVAL
Professeur émérite des Universités en Géographie de l’Université Paris-Sorbonne, Paul Claval a été l’un des premiers géographes à mener, dans les années 1960, une épistémologie de la science géographique. Par ses travaux, il a aussi contribué au renouvellement de cette discipline. Il est notamment l’un des principaux spécialistes et théoriciens de la géographie culturelle. Il a fondé en 1992 la revue Géographie et cultures.

« De la genèse et l’évolution des approches culturelles en géographie à l’expression de la culture dans le paysage et la société, et la place grandissante du tourisme et des loisirs dans le champ d’étude de la géographie culturelle »

10h30 : Regard de grands témoins sur la traçabilité de la Géographie du tourisme et des loisirs

Rémy KNAFOU
Professeur émérite des Universités en Géographie de l’Université Paris1 Panthéon-Sorbonne, Rémy Knafou a créé et dirigé l’équipe de recherche « Mobilités, itinéraires, tourisme » (MIT). Dans le cadre de ce laboratoire, il a contribué à la mise en valeur des mobilités, envisagées de manière globale et décloisonnée, comme objet de recherche majeur de la géographie. Il a par exemple proposé le concept de transition mobilitaire pour caractériser les mutations des sociétés contemporaines, qui passent progressivement d’une sédentarité dominante à une hypermobilité dominante. On lui doit le concept de « moment de lieu » (2005), moment décisif où un lieu change de qualité du fait d’innovations sociales et, ce faisant, sert de modèle à d’autres lieux inspirés par les mêmes pratiques).

Par ailleurs, Rémy Knafou a créé le Festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges en 1989 et a été président du jury de l’agrégation externe de géographie de 1999 à 2002 et auteur de la réforme du concours (2001).

« L’expérience de l’équipe MIT, premier groupe français de recherche sur le tourisme : une aventure intellectuelle »


11h : Philippe DUHAMEL et Philippe VIOLIER

Philippe DUHAMEL : Professeur des Universités en Géographie, UFR ESTHUA Tourisme et Culture, UMR CNRS ESO, Université d’Angers.

Philippe VIOLIER : Professeur des Universités en Géographie, Directeur de l’UFR ESTHUA Tourisme et Culture, UMR CNRS ESO, Université d’Angers.

« Le déclin des lieux touristiques en question »

Résumé – De nombreuses analyses scientifiques et journalistiques évoquent depuis longtemps le déclin des lieux touristiques lorsque que survient un recul de la fréquentation, la crainte d’un tarissement de la « ressource », ou de l’évaporation d’une clientèle…. Cette question souvent mobilisée au moment de crises de fréquentation, de tensions fortes entre touristes et sociétés locales ou au sein des sociétés hôtes défraye la chronique, ancre les croyances, sans jamais provoquer un travail scientifique fin sur la longue durée. Car la lecture de la dynamique des lieux touristiques, comme celles des lieux et des sociétés en général, ne peut se faire sur des périodes courtes, conjoncturellement impactées par des renversements de tendances économiques ou sociales. Elles doivent s’inscrire dans des périodes plus longues que certains appellent cycles.

L’enjeu ici sera de proposer une réflexion qui vient interroger cette notion de déclin des lieux touristiques et de poser le bien-fondé de son utilisation par les scientifiques.

Mots clés : Ajustement, cycle, déclin, diversification


11h30 : Hélène PÉBARTHE-DÉSIRÉ et Caroline BLONDY

Hélène PÉBARTHE-DÉSIRÉ : Maître de Conférences en Géographie, Université d’Angers, UMR CNRS ESO (Espaces et sociétés).

Caroline BLONDY : PRAG docteur en géographie à l’Université de La Rochelle – Chercheur UMR 7266 CNRS-LIENSS (Littoral, Environnement et Sociétés).

« Les îles tropicales, lieux de l’extraordinaire ? Construction et maturation touristiques en Polynésie Française et à l’Ile Maurice ».

Résumé – Lieux extraordinaires car puissamment évocateurs d’exotisme, nombre d’îles tropicales connaissent un réel succès touristique. Cet exotisme s’appuie sur la dimension mythique voire paradisiaque de l’insularité, l’éloignement, la tropicalité et l’altérité culturelle. Ces îles sont parvenues à faire de leur périphéricité, marquée par leur éloignement des centres émetteurs de touristes, leur discontinuité multiscalaire ou encore leur exiguïté pour beaucoup, une force. Leur caractère « extraordinaire » a été également profondément instrumentalisé et cultivé par les acteurs du tourisme. En mettant en avant, par les aménagements touristiques mêmes, le caractère exclusif des expériences vécues par les visiteurs, ces destinations se sont fait, avec plus ou moins de succès, une place dans les lieux de la mondialisation touristique contemporaine et renouvellent donc pour partie leurs stratégies pour l’accueil des visiteurs, et en particulier ceux émanant des pays émergents.

En plusieurs décennies d’internationalisation de leur tourisme, les territoires insulaires, notamment la Polynésie Française ou l’Ile Maurice, ont plus ou moins réussi à faire évoluer leur système touristique. Maurice offre un réel exemple de développement largement endogène et qui a réussi, confrontée à des contraintes spatiales locales et à des mutations sociales réelles, à se diversifier d’une part et à diffuser ses comptoirs hôteliers à d’autres îles tout d’abord de l’océan Indien, puis vers de grandes destinations. Certaines périphéries insulaires montent ainsi en centralité. A l’inverse, la Polynésie française, bien que mythique, reste une destination confidentielle. Une certaine défiance ou un désintérêt face au tourisme d’une partie de la population, le pari d’un tourisme exclusif et haut de gamme, l’inégale internationalisation des acteurs touristiques et un décalage entre discours politique et réalités de terrain expliquent la difficulté de la destination à se renouveler et à s’imposer à différentes échelles.

Mots clés : Développement, diversification, exotisme, îles, maturation, mythe.

12h : Philippe BACHIMON

Professeur des Universités en Géographie, Université d’Avignon et des pays de Vaucluse, Responsable du Master MCI, chercheur à l’UMR Espace dev (IRD) Associé à Pacte (CNRS).

« La résidence secondaire. L’ordinaire dans l’extraordinaire »

Résumé – La résidence secondaire, « l’autre résidence », se conçoit comme le prolongement de la résidence principale. En ce sens elle en est le double, voire la doublure, dans un jeu de dédoublement résidentiel, qui fait qu’elle reproduit l’espace ordinaire dans l’espace extraordinaire des loisirs touristiques. En conséquence de quoi elle participe à réduire l’écart entre les deux espaces dès lors même que la hiérarchie résidentielle s’estompe. D’abord parce qu’elle en facilite l’hybridation de par sa fréquentation séquentielle et sérielle qui se prolonge dans une réalité augmentée produisant un environnement ubiquitaire. Ensuite, et surtout si elle devient la forme dominante de la résidentialité de l’espace réceptif, en l’investissant elle le transforme, voire le métamorphose, en le mettant en conformité aux stéréotypies de l’extraordinaire qui déterminent les représentations de l’ailleurs dans l’espace d’émission. L’effet dénaturant du pastiche sur le paysage touristique pouvant aller jusqu’au kitsch, donc à la négation de l’altérité. Nous nous appuierons, pour étayer cette démonstration, sur nos études de terrain et en particulier sur celles réalisées dans le Luberon, dans les stations de ski pyrénéennes, dans les stations climatiques d’Asie du SE et sur les littoraux océaniens.

Mots clés : Hybridation, kitsch, pastiche, résidence secondaire, ubiquité.

12h30 -14h00 : Pause déjeuner

14h00 : Isabelle LEFORT et Yannick HASCOËT

Isabelle Lefort, Professeur des Universités en Géographie, Université Lumière-Lyon 2, Laboratoire Environnement Ville Société (EVS) – Institut de Recherches Géographiques (IRG) – UMR 5600.

Yannick Hascoët, Chercheur associé à RIVES, composante de l’UMR 5600 – Environnement Ville Société (EVS), Université Lumière-Lyon 2.

« Tourisme de l’ordinaire et mise en ordre des espaces et des pratiques. Une réflexion à partir du cas des quartiers nord de Marseille »
Résumé – Voici une décennie, Michel Lussault a défini le tourisme comme un « genre commun ». Avec cette définition, le géographe entendait souligner, d’une part, la généralisation des mobilités touristiques (la pratique touristique est observée presque partout et par tous) et d’autre part, l’hybridation croissante de l’économie, de la mentalité et des pratiques touristiques avec la vie quotidienne (Lussault, 2007). Etymologiquement, genre renvoie bien à « un ensemble de traits communs caractérisant et constituant un type » (Larousse). Et commun (« qui appartient à tous, qui concerne tout le monde, à quoi tous ont droit ou part », Larousse) enfonce le clou d’une lecture du tourisme en tant que fait social et spatial total. Dans cette optique, rien de bien surprenant à ce qu’émerge crescendo un tourisme de l’ordinaire. Après tout, pourquoi, dans un contexte de dé-différenciation entre l’ici et l’ailleurs (Bourdeau, 2012), les espaces dits ordinaires ne pourraient-ils pas concernés des déambulations curieuses ? Cette communication étudie le tourisme de l’ordinaire à partir du cas du tourisme des quartiers nord de Marseille, une activité à l’initiative d’habitants de ces quartiers depuis plusieurs années maintenant. Nous proposons de questionner l’ordinaire de quoi (lieux, pratiques, savoirs, …) et de qui, ce tourisme des quartiers propose-t-il l’exploration. Pour apporter quelques éléments de réponse, nous aimerions ne pas perdre de vue le fil étymologique. Ordinaire, du latin ordinarius, désigne bien ce « qui est conforme à l’ordre établi, normal, courant » (Larousse). Dès lors, les deux questions au cœur de l’exposé peuvent être formulées ainsi : jusqu’où le tourisme des quartiers nord de Marseille s’intéresse-t-il à l’ordinaire et dans quelle mesure relève-t-il d’une mise en ordre et en conformité de ces quartiers avec le système touristique et ses routines ?

Mots clés : « Genre commun », quartiers nord de Marseille, ordinarius, tourisme de l’ordinaire.

14h30 : Aude Le Gallou

Doctorante en Géographie (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, EA EIREST), Aude Le Gallou est normalienne et agrégée de géographie. Ses recherches portent sur les imaginaires, les pratiques et les valorisations touristiques qui se développent dans les espaces urbains abandonnés à partir des cas de Berlin et de Détroit, dans une perspective de géographie urbaine et culturelle.

« Des espaces ordinaires aux fronts pionniers du tourisme : friches urbaines, exploration urbaine et tourisme de ruines »

Résumé – Les espaces urbains abandonnés suscitent un intérêt croissant en géographie, tant pour les potentialités qu’ils représentent en termes d’aménagement que du fait de la diversité des formes de réappropriation dont ils font l’objet. Les pratiques de l’exploration urbaine et du tourisme de ruines rendent compte d’une appropriation touristique croissante de ces espaces pourtant éminemment ordinaires et dénués de la dimension d’exceptionnalité qui fonde habituellement l’attractivité touristique. Le développement de ces pratiques invite ainsi à s’interroger sur la transformation des imaginaires et des représentations liés à ces espaces marginaux et à envisager ces derniers comme des fronts pionniers d’un tourisme urbain qui s’affirme de plus en plus « hors des sentiers battus ». À partir des cas de Berlin (Allemagne) et Détroit (Etats-Unis), cette présentation montre en quoi ces évolutions contribuent au renouvellement des dynamiques spatiales contemporaines du tourisme urbain.

Mots clés : Exploration urbaine, friches urbaines, imaginaires géographiques, tourisme de ruines, tourisme urbain.

15h : Dimitra Kanellopoulou
Architecte/ingénieure (NTUA) urbaniste (ENPC) et docteure en géographie urbaine. Maître de Conférences à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Malaquais (ENSAPM), membre du Laboratoire Infrastructure, Architecture, Territoire (LIAT) et membre associé de l’UMR 8504 Géographie-cités.

« Marcher, visiter, dériver. Pratiques ordinaires et expériences extraordinaires au centre historique d’Athènes »

Résumé – Longtemps considérée comme une ville hostile au piéton, Athènes connaîtra, à partir des années 1970, une importante transformation de l’image et de la fonction de ses espaces publics centraux. Plusieurs travaux de piétonnisation, ciblant les rues et les quartiers du centre historique, souligneront la volonté de l’état à renforcer l’offre touristique et culturelle de la capitale mais aussi à inhiber la dégradation progressive du centre-ville, ce dernier marqué par la crise sociale et économique. Parallèlement aux projets d’ampleur de réaménagement des lieux publics, plusieurs initiatives d’habitants, émergées surtout après les années 2004, proposent des balades collectives qui ont comme but de réanimer le centre-ville, menacé par le départ des commerces traditionnels et le délaissement du bâti. En errant ensemble, seuls, ou en petits groupes, les athéniens, participent à des « évènements » d’action collective, redécouvrent leur ville, et forgent des nouvelles manières de partage et de création de l’espace public. En s’appuyant sur l’étude de cas de Open Walks Athens, du groupe Atenistas, l’article interroge l’émergence et la prolifération d’une forme de promenade urbaine qui – entre pratique quotidienne et visite touristique – devient le tremplin vers la quête d’une nouvelle urbanité.

Mots-clés : Citoyenneté, expérience, marche à pied, pratiques urbaines, promenade, urbanité.

15h30 : Alexandra MONOT
PRAG et Docteur en géographie, Université de Strasbourg.

« Les marchés de Noël en Alsace : enjeux et territorialités. De l’extraordinaire à l’ordinaire du tourisme événementiel »

Résumé – Les marchés de Noël se sont imposés comme un événement festif incontournable de la période traditionnelle de l’Avent en Alsace depuis les années 1990, grâce à la mise en scène de « l’extraordinaire » de la « magie de Noël ». La mise en tourisme d’une tradition culturelle germanique permet à la région d’accueillir un nombre croissant de visiteurs sur une période creuse de l’année. Ce tourisme hivernal et événementiel met en jeu des temporalités et des échelles spécifiques des territoires « ordinaires » des centres villes, tandis qu’il favorise une visibilité internationale de la destination Alsace. Pourtant, la saturation des espaces, la dérive commerciale et les conséquences territoriales générées par les marchés de Noël ne sont pas sans poser des problèmes et des conflits.

Mots clés : Marchés de Noël, pratiques, temporalités, territorialités.

16h : Vincent MARCILHAC et Vincent MORINIAUX

Vincent MARCILHAC : PRCE en Géographie gastronomique, coordinateur scientifique des pôles de gastronomie et d’hôtellerie de l’Université de Cergy-Pontoise, membre du Laboratoire Espaces, Nature et Culture (ENeC) – UMR 8185.

Vincent MORINIAUX : Maître de Conférences en Géographie, UFR de Géographie et Aménagement, Université Paris-Sorbonne, membre du Laboratoire Espaces, Nature et Culture (ENeC) – UMR 8185.

« La « touristification » de lieux ordinaires au travers des fêtes gastronomiques »

Résumé – L’engouement actuel pour les produits « de terroir » a favorisé la mise en valeur touristique de leurs territoires de production. Les fêtes gastronomiques et « gourmandes » organisées autour de productions agricoles et alimentaires locales jouent un rôle important dans le processus de « touristification » de lieux ordinaires. Les événements festifs autour de produits « de terroir », fréquentés par des habitants et des visiteurs attirés par la découverte culturelle et gourmande d’un territoire, sont à la fois un vecteur d’identité territoriale et un outil de développement local. Les exemples du cochon sous toutes ses formes et de la truffe permettent de réfléchir au rôle du produit, ordinaire ou d’exception, dans la mise en tourisme de lieux ordinaires.

Mots clés : Développement local, fêtes gastronomiques, lieu ordinaire, touristification, terroir.

16h30 : Emmanuel JAURAND

Professeur des Universités en Géographie, Université d’Angers, UMR CNRS 6590 Espaces et Sociétés (ESO).

« Des lieux autres pour un autre tourisme ? Les espaces du tourisme gay »

Résumé – Le tourisme gay est un tourisme communautaire structuré depuis plusieurs décennies. Porté par des acteurs économiques, pris en compte par certains acteurs publics, il vise à satisfaire les attentes spécifiques d’une clientèle homosexuelle masculine. Les espaces qu’il produit peuvent être comparés au reste des espaces touristiques, avec des décalages (existence d’angles morts étendus) mais aussi des lieux communs, souvent liés au tourisme de masse, en contexte littoral ou métropolitain principalement. Les spécificités des espaces du tourisme gay, de l’échelon mondial à l’échelon local, doivent être reliées aux motivations et au projet des touristes concernés : à quel ordinaire cherchent-ils à échapper ? Quel extraordinaire souhaitent-ils trouver sur leurs lieux d’élection ? Les lieux du tourisme gay sont-ils vraiment extraordinaires par rapport aux autres lieux touristiques ? En quoi le tourisme gay nous informe-t-il sur la qualité et la fonction sociale des lieux touristiques en général ?

Mots clés : Identité, homosexualité, lieux, mondialisation, tourisme.

17h : Sophie GAUJAL et Caroline Leininger-FREZAL

Sophie Gaujal : Docteure en Géographie, Agrégée de Géographe, enseignante au Lycée Jacques Prévert (Boulogne Billancourt), EA 4434 Laboratoire de Didactique André Revuz (LDAR)

Caroline Leininger-Frézal : Maîtresse de Conférences en Géographie, Université Paris Diderot, EA 4434 Laboratoire de Didactique André Revuz (LDAR).

« Enseigner le tourisme et les loisirs, des objets peu ordinaires »

Résumé – L’enseignement du tourisme est un objet peu ordinaire, à la marge des programmes scolaires. Leur enseignement fait l’objet d’un véritable éclectisme épistémologique, privilégiant certains espaces lointains, comme les îles tropicales, alors que des espaces plus ordinaires, comme les montagnes, sont peu traités dans les manuels scolaires. Dans la géographie scolaire, l’ordinaire est extraordinaire et inversement. Tourisme et loisirs ne sont pas seulement des objets d’étude, mais également un moyen de travailler les concepts et les notions de la géographie. L’introduction de pratiques touristiques en classe est un levier de transformation de la géographie scolaire.

Mots clés : Didactique, épistémologie, loisirs, manuel scolaire, pratiques d’enseignement, tourisme.

17h30 : Synthèse, Conclusions, Perspectives

Bernadette MÉRENNE-SCHOUMAKER

Professeur de Géographie économique, fondamentale et appliquée, Bernadette Mérenne-Schoumaker est spécialiste de géographie économique et de didactique de la géographie. Elle est aujourd’hui Professeur émérite de l’Université de Liège.

Fin des travaux : 18h

samedi 6 janvier 2018

Les usages du geoweb sonore dans l’enseignement de la géographie en classe de seconde : le cas de sorties de terrain en milieu urbain.

CR mémoire master 2 recherche

Jérôme Staub (2014). Les usages du geoweb sonore dans l’enseignement de la géographie en classe de seconde : le cas de sorties de terrain en milieu urbain. Mémoire de Master DCF 2ème année, dir. J.Béziat, Université de Limoges, 235p., en ligne.

Compte-rendu par Sophie Gaujal, janvier 2018

Le mémoire soutenu en 2014 par Jérôme Staub est un mémoire de master recherche. Il s’inscrit dans la continuité d’expérimentations conduites à l’IFE  - ex INRP - au début des années 2010 (voir webographie). Il porte sur l’usage du geoweb sonore en classe de géographie. C’est à sa définition et sa mise en perspective dans le champ de la recherche que Jérôme Staub consacre sa première partie.  Il définit le geoweb comme « une notion plus qu’un objet. » C’est « un géoréférencement direct ou indirect de l’information d’Internet sur la surface terrestre qui permet une correspondance entre le monde informationnel et le monde matériel géophysique [et] une infrastructure informatique permettant de saisir, organiser, requêter l’information sous forme de services Web » (Joliveau, 2014, in Staub, p.3). Quant au géoweb sonore, il consiste à géoréférencer les données sonores de notre environnement, puis à les partager sous la forme de cartes participatives, via les réseaux sociaux. C’est dans cette dimension sonore que repose l’originalité du projet de Jérôme Staub, ainsi que dans son intégration dans la cartographie, là où est ordinairement privilégiée l’approche visuelle. Pour la mettre en œuvre, Jérôme Staub s’appuie sur différents travaux scientifiques autour de la dimension sonore de l’environnement, moins en géographie, qui s’en jusqu’ici peu emparée, que dans des champs connexes, comme la sociologie, l’architecture, l’acoustique. En géographie scolaire, il mobilise des outils connus quoique marginaux dans les pratiques : la sortie de terrain et l’utilisation d’outils numériques mobiles (tablettes, smartphones), autrement dit un « mobile learning » alors peu connu en France même si depuis, l’utilisation de jeux mobiles sur le terrain, comme Pokemon Go en 2016, l’a popularisé.

Jérome Staub a expérimenté ce projet de geoweb sonore à trois reprises avec des classes de seconde, de 2010 à 2013. Il a consisté, en milieu urbain et via une sortie sur le terrain à proximité de l’établissement scolaire, à écouter, enregistrer puis cartographier en classe l’environnement sonore, puis à rapprocher ce travail de cartes sonores produites par des experts. L’expérimentation la plus aboutie est celle menée en 2012-2013, que Jérôme Staub a baptisée du nom d’Acoustikom. Elle a consisté à diviser la classe en groupes de travail, chacun expertisant un quartier ; au sein de chaque groupe, chaque élève avait une mission : le collecteur de bruit, l’écouteur de bruit, le collecteur de sons, l’écouteur de sons, le photographe.

Après avoir décrit ces expérimentations et en avoir présenté les objectifs, Jérôme Staub poursuit dans une deuxième partie en caractérisant les concepts qu’elles mobilisent : ainsi, la terminologie de milieu sonore, voire d’ambiance sonore est plus adaptée que celle de paysage sonore, dont la terminologie, utilisée par des artistes comme Murray Schäfer, est moins opératoire en géographie. En effet, elle limite la perception à sa dimension visuelle d’une part, et elle ne permet pas de restituer la dimension dynamique de l’espace d’autre part. Quoiqu’encore peu développée en géographie, la dimension sonore de l’espace est un champ de recherche qui se développe, « à la croisée des chemins » (p.51) et qui se dote d’outils méthodologiques pour cartographier les ambiances sonores : les premières cartographies sonores datent des années 1920 (Gräno) ; dans les années 1970, le projet a été relancé par Murray Schäfer. Depuis les années 1990, les outils numériques ont permis le développement de SIG, d’abord pour collecter des banques de données sonores, avant de passer à un Geoweb 2.0 où l’utilisateur participe et collabore au contenu, via des cartes participatives, comme Cartophonies, mise en place par le laboratoire du Cresson. Enfin, cette partie est l’occasion d’une mise au point très claire sur le modèle d’apprentissage mobilisé par Jérôme Staub pour développer ses expérimentations ; sont ainsi présentées successivement l’approche socio-constructiviste, la théorie des situations didactiques, le triangle pédagogique et ses variantes, le carré pédagogique et le losange didactique, avant de mobiliser la notion de composition didactique, qui permet de penser ensemble ces différentes approches.

Les parties suivantes permettent d’expliciter la posture mobilisée par Jérôme Staub dans cette recherche, celle d’un praticien-chercheur, sa méthodologue de recherche, les perspectives qu’ouvrent les expérimentations qu’il a menées avec sa classe de seconde. Un passage particulièrement intéressant (p.153 sq) est celui où Jérôme Staub s’interroge sur la compréhension qu’ont les élèves de l’intérêt de ce genre d’activité : il observe ainsi que la première année, « l’entrée dans l’activité a posé peu de problèmes la première année, la dévolution s’est faite par l’attrait suscité d’une part par la perspective d’une sortie de terrain » (p.153). L’année suivante, « la dévolution a été beaucoup moins évidente du fait de la connaissance des élèves de ce type d’expérimentations et de ses finalités. La question posée avec méfiance en début de chapitre a été « Mais, Monsieur, pourquoi le son ? » (p.154). « L’enseignant a pu faire entrer les élèves dans l’activité, en leur proposant une mise en situation immédiate par l’analyse sonore de l’espace classe et en mettant l’accent sur la dimension citoyenne et civique des rapports au sonore dans la vie quotidienne. Mais ces deux argumentations sont apparues par la suite à l’enseignant comme des pirouettes pédagogiques qui ne pouvaient continuer à fonctionner l’année d’après ».
La troisième année,
« la dévolution s’est organisée autour d’une tentative de simulation en scénarisant les activités. Les élèves, grâce à des exercices préparatoires, devenaient des employés d’une société d’expertise sonore. Leur première mission était de travailler pour la ville de Limoges afin de procéder à une évaluation des ambiances sonores dans des espaces délimités de la ville, puis de proposer des aménagements. »
La mobilisation d’un jeu de simulation a donné à Jérôme Staub une grille de lecture, en l’analysant sous le prisme de l’authenticité (« une simulation est une simulation si elle est perçue comme authentique par les élèves »), et autour de trois critères : le réalisme (la ressemblance supposée avec une référence de la vraie vie), la cohérence (perçue dans les règles et les situations proposées), la pertinence (utilité perçue par rapport aux objectifs d’apprentissage).
Et il poursuit :
« De ces trois critères, c’est celui de la cohérence qui est apparu le plus fort dans les expérimentations. […] La dimension réaliste est à nuancer : lorsqu’ils sont interrogés sur la manière de définir leurs travaux, ils considèrent que ce travail reste amateur et ne peut pas être diffusé auprès de la mairie par exemple. Si l'on s'en tient à la simulation mise en place stricto-sensu, le critère de réalisme est faible, les élèves ne se considérant pas comme des experts et leurs travaux ne pouvant aider la mairie à aménager ces ambiances sonores. Cependant, si l’on considère moins le scénario de la simulation que la simulation en elle-même, de manière globale, le niveau de réalisme est fort, dans la mesure où l’on peut considérer que les élèves sont entrés pleinement dans la simulation puisqu’ils ont été capables pour la plupart de porter un regard réflexif sur leurs travaux et de les juger peu pertinent pour la mairie. Le réalisme peut se lire ici à deux échelles différentes, nuançant sensiblement la force de ce critère. Quant à la pertinence, c’est certainement l’élément le plus faible de l’authenticité de la simulation dans la mesure où cette dernière vient se heurter à la structure institutionnelle de l’étude de cas et de l’organisation du chapitre sur les villes durables. En effet, l’habitude de travailler avec une étude de cas fondé sur des documents visuels (carte, photographie, graphisme, vidéo, texte) accompagné d’un questionnaire visant à l’écriture d’une synthèse contraste avec la démarche proposée dans ces expérimentations. C’est cette habitude forgée tout au long de la scolarité dans le secondaire (les études de cas débutent en classe de 6ème et sont présentes dans tous les programmes du collège) qui lui fournit une grande crédibilité quant à sa capacité à faire apprendre. A contrario, les multiples dérogations faites à ce modèle d’études de cas (travail sur le son, capture et construction des données, construction d’une carte en ligne à partir de ces données…) dans le cadre de ces expérimentations, les rendent moins pertinentes aux yeux des élèves. »

Pour conclure, ce mémoire de master 2 est intéressant à plusieurs titres : tout d’abord, il s’inscrit dans le contexte des recherches initiées en géographie culturelle française sur la dimension sensible de l’espace par Anne Volvey qui soutient sa thèse en 2003, suivie par Elise Olmedo, dont le séminaire de recherche interdisciplinaire sur le sensible est lancé à la rentrée 2012 (thèse soutenue en 2015). Ces recherches trouvent également un écho en géographie scolaire, avec les recherches menées sur la sortie de terrain « sensible » par Médéric Briand (thèse soutenue en 2014), ou sur les pratiques artistiques, géo-photographie, performance ou cartographie sensible (Gaujal, 2016). En privilégiant la dimension sonore, Jérôme Staub initie un nouveau champ encore, à la marge des pratiques ordinaires en géographie scolaire, mais qu’il ancre par le biais du numérique (le geoweb) à un autre champ de recherche encore, autour des usages du numérique en géographie, et sur lequel travaille  notamment Sylvain Genevois (thèse soutenue en 2008). Par ailleurs, ce mémoire rend compte d’un itinéraire de recherche, celui d’un praticien qui mène une recherche sur sa propre pratique, soit un praticien-chercheur. Cette dimension réflexive apparaît plus nettement à partir de la troisième partie, et imprègne toute la suite du texte. Enfin, ce mémoire contribue à nourrir le débat sur les apports du numérique en géographie et les débats ou renouvellement autour de la « néo-géographie » (entendre par là « les usages amateurs de la cartographie numérique, notamment le globe virtuel », cf. l’Agence des Usages des TICE).

Jérôme Staub ne compte pas s’en tenir là cependant et c’est tant mieux, tant le mémoire ouvre de pistes que l’on souhaiterait voir davantage développées : si les expérimentations présentées en classe de seconde stimulent l’imagination du professeur qui en perçoit toute la richesse et l’intérêt, on souhaiterait en savoir davantage sur les protocoles mis en place et sur les résultats trouvés par les élèves, voire les écouter, via un support numérique. De même, on serait curieux de voir comment l’expérience peut se transposer à d’autres classes, à d’autres niveaux. Nul doute que la thèse en préparation depuis 2015 à l’université de Lyon, sous la direction de Thierry Joliveau, et dont l’intitulé provisoire est « éduquer avec des jeux sonores géolocalisés », apportera quelques réponses à ces questions, depuis une autre posture : non plus celle de l’enseignant, mais celle de responsable éditorial au Canopé de Limoges.

Pour aller plus loin

Joliveau, Thiery, 2010, le geoweb pour les nuls, Monde geonumérique, URL https://mondegeonumerique.wordpress.com/2010/06/24/le-geoweb-pour-les-nuls/

Staub, Jérôme, 2014, « Néogéographie, globes virtuels et apprentissages » in L’Agence des Usages, intégrer le numérique dans la pratique, URL https://www.reseau-canope.fr/agence-des-usages/neogeographie-globes-virtuels-et-apprentissages.html

Groupe de travail IFE, Milieux sonores et mobilité, URL http://eductice.ens-lyon.fr/EducTice/recherche/geomatique/milieux-sonores-et-mobilites